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jeudi 31 août 2017

Annabel - Kathleen Winter

Fiche pratique :

-Auteur : Kathleen Winter

-Éditeur : 10/18

-Nombre de pages : 470

-Genre : contemporain

-Date de parution : 2013

Résumé : 1968, un bourg côtier du Labrador au Canada. Un enfant naît, ni garçon ni fille. Hermaphrodite. Ils sont trois à partager ce secret : les parents et une voisine de confiance. On décide de faire opérer l’enfant ; ce sera Wayne – le choix du père. Mais dans l’eau trouble de l’adolescence, son moi caché, cette Annabel qui l’accompagne comme une ombre, réapparaît. Et avec elle, la vérité. Un magnifique roman sur la différence et l’identité, porté par une langue poétique où vibrent intimement la Nature et les êtres.

Mon avis

J’ai découvert Annabel grâce à une amie qui a eu la gentillesse de me le prêter. Je ne pense pas que je me serai tournée vers cette lecture autrement, d’autant plus que je ne connaissais pas l’existence de ce livre jusqu’ici. Je suis contente au final de l’avoir lu car c’est un très joli roman.

Rien qu’en lisant la quatrième de couverture, nous nous doutons que l’histoire va tourner autour de cet enfant, né hermaphrodite. Comme nous l’apprenons dans le livre, la naissance d’un enfant possédant les caractéristiques des deux sexes est très rare. Par ailleurs, le sujet pourrait paraître , à tord, tabou ou difficile à aborder, et c’est pourquoi l’hermaphrodisme n’est pas souvent évoqué. J’ai souvent des préjugés sur les romans qui traitent de sujets comme celui-ci. En effet, je crains qu’ils soient trop moralisateurs, que l’auteur, dans le but de montrer les problèmes auxquels est confronté le personnage concerné, en fasse des tonnes au détriment d’une histoire travaillée. Je suis également récalcitrante à tout ce qui pourrait être cliché. Enfin, je ne souhaitais pas une histoire trop crue quant aux difficultés de l’adolescence, mais un récit dans lequel j’aurais pu me retrouver.

Devinez quoi, le roman de Kathleen Winter a contourné absolument toutes mes craintes et mes préjugés. L’énorme point fort de cette histoire est qu’elle est bien ancrée dans le réel. Tous les personnages sont bien travaillés et très réalistes. J’ai trouvé les parents de Wayne particulièrement bien faits et intéressants. Ce sont des personnages très lambda, qui se trouvent confrontés à un évènement inattendu et face auquel ils ne réagissent pas de la même façon. Rien n’est exagéré ou fantasmé. Il s’agit vraiment d’une histoire qui n’a pas vocation à nous mettre mal à l’aise. Nous suivons Wayne de l’enfance à l’âge adulte et la façon dont cela est traité m’a souvent fait penser à L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante, bien que les deux histoires n’aient rien à voir l’une avec l’autre. Dans chacun des livres, nous ne tournons pas qu’autour du sujet principal -l’hermaphrodisme ou l’amitié- mais nous découvrons les vies des différents personnages, aussi bien principaux que secondaires. Cela est tellement bien travaillé que dans les deux cas, j’ai eu l’impression de lire un témoignage plus qu’une fiction et c’est ce qui rend les livres si prenants. Pour en revenir à Annabel uniquement, il est vrai que l’hermaphrodisme est un sujet bien dilué dans l’histoire. Il est toujours présent, sans jamais être étouffant pour le lecteur. Cela donne une certaine finesse au récit. De plus, c’est un procédé très intéressant puisque j’ai tout de même appris de nombreuses choses à son propos. Je pense que ce livre sensibilise réellement le lecteur à propos d’un sujet plutôt méconnu.

Enfin, la cerise sur le gâteau, ce qui m’a permis de me plonger complètement dans l’histoire, c’est aussi l’écriture de l’auteure ainsi que le cadre qu’elle pose. J’ignorais que cela se passait dans la région du Labrador au Canada. Les descriptions de l’auteure m’ont transportée à l’autre bout de la planète et m’ont fait rêver. C’était un vrai plaisir de m’imaginer la vie des habitants de cette région du nord-est du pays (j’ai fini par faire des recherches sur Google maps), laquelle n’est pourtant pas présentée comme idyllique, bien au contraire, mais cela donne un caractère encore plus réel aux descriptions. Les personnages, je n’insisterai jamais assez, sont très attachants. Wayne enfant m’a particulièrement touchée, si bien que j’ai lu toute la période de son enfance d’une traite, ce qui fait un bon nombre de pages !


Je ne peux que reconnaître le talent de Kathleen Winter, qui a su écrire un roman bien ancré dans la réalité, très doux et qui fait même rêver parfois. Il s’agit d’une histoire touchante, originale et qui ne m’a jamais déçue. Une excellente découverte.

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